mercredi 19 janvier 2011

Lycée Razi de Teheran .




Lycée Razi de Téhéran



Il y a 35 ans quand je regardais cette montagne bleu  enneigé au loin : je n’aurais jamais imaginé ma vie tel que je l’ai vécu.
Ce désert qui me séparait de la montagne ne laissait aucun espoir pour l’atteindre, plus on avançait vers elle, plus elle semblait s’éloigner exprès et rester inatteignable, improbable.
Le climat qui alors régnait au sein de ma patrie était comme cette montagne inatteignable infranchissable immense et opaque.
Etudier, savoir, comprendre, réfléchir, connaitre le monde, était inimaginable.
Jamais la pensée même de m’envoler vers le ciel de la connaissance et de la  réussite ne m’aurait effleuré.
Mon univers était simple, rustique, pierreux, froid et chaud, binaire, sans couleurs ni passées ni futures, un univers qui aurait prononcé la sentence d’anéantissement à la moindre erreur.
Je ne connaissais rien du monde, rien de ce que je ne savais pas encore, pourtant le monde ailleurs existait et évoluait tous les jours mais, ce monde la, ne me connaissait pas et même ne s’intéressait pas à moi.
Un jour, un bâtiment immense, blanc, mystérieux, majestueux commença à germer de cette terre rouge qui me séparait de la montagne.
Soudainement ce bâtiment rendait plus humain ce coin de désert, on aurait dis que la civilisation avait remporté une petite bataille sur le néant.
Comme la montagne, cet édifice n’en finissait pas de se faire.
Chaque jour un nouvel angle, chaque jour une nouvelle forme géométrique changeait le paysage et comme l’intelligence façonnait le vide.
On se sentait moins seul moins abandonné grâce à cette émergence.
C’était tellement imposant que personne ne se posait aucune question a son sujet comme si sa grandeur, impressionnait et  la rendait tabou et mystique.
Je passais parfois devant, à l’occasion d’un vendredi congé, qui nous traînait devant une mince rigole d’eau de montagne autour duquel tout le monde festoyait comme si l’univers s’y résumait.
Jamais on ne se posait de question quand à la destination de ce paquebot sortit de rien : seul une cause au delà de nos existences insignifiantes pouvait s’y loger.
Un jour un grand homme en habit militaire et à l’allure autoritaire et non indigène provoqua beaucoup de va et viens au sein de ce bâtiment enfin achevé.
Il regardait tout avec beaucoup d’attention, et on aurait même dit de tendresse, ces murs blanc, froid pour l’instant et sans âmes.
Une foule affable le suivait, le servait et le guidait dans le labyrinthe.
Puis plus rien le silence et tout étaient redevenus blancs comme en attente.
Bizarrement on aurait dit une mariée qui attendait son fiancé pour la cérémonie finale.
Un jour de septembre des centaines de petits diable envahirent cette église du savoir : c’était une école, c’était le sanctuaire du savoir c’était là ou on donnait la chance d’atteindre la montagne.
C’était mon école.
J’avais aussi le droit d’aller à cette église car le grand monsieur qui était venu l’inaugurer avait aussi redonné la liberté à son peuple au loin, ce peuple qui allait me donner la chance a moi aussi de compter et d’exister.
Il y avait enfin un chemin pour atteindre la montagne, il y avait enfin une chance de savoir, de connaître, de comprendre.
Des mages d’un pays lointain avait pensé ou imaginé que j’existais et m’avait envoyé leur tapis volant, ils devaient savoir sans doute que le savoir pourrait me matérialiser.
35 ans après j’habite sur cette montagne et j’existe enfin.
Je regarde, je comprends, je compte, j’importe, je bâtis, je pense, je dis, je réfléchis,  et je voudrais remercier.
Cette église était mon école bâtit par la Mission Laïque Française, qui de si loin avait pensé à me donner ma chance d’exister.
Les hommes et les femmes qui, un jour du siècle passé, on imaginé parcourir le monde et donner la chance du savoir au quatre coins de notre univers sont l’image matérielle de la grandeur humaine de la france.
Le général de Gaulle qui avait inauguré ce lycée razi de tehran  avait conscience que la grandeur de la France et de son peuple se matérialisait Là.
Le lycée razi de tehran m’a permis de passer les plus belles années de ma vie, m’a permis de poursuivre ensuite en France de grandes études auxquelles ma naissance ne me permettait même pas de rêver.
La mission de sauvetage de la mission laïque est une réussite pour moi et mes camarades.
Peut être beaucoup ont oublié un peu leurs bienfaiteur, mais je voulais rappeler ici que personne n’oublis et que la dernière des qualité que m’a appris la France, qui a enfanté la mlf , est la gratitude.
Merci à tous ceux qui ont œuvré, et qui œuvrent tous les jours, pour aider des enfants comme moi, née au milieu du néant ,et qui nous donnent la chance d’exister et d’apprendre cette culture magnifique et merveilleuse qu’est la France.
.merci.

Francois Pourbagher






Babak Pourbagher
Pourbagher Babak
Pourbagher Francois
Mission Laique Francaise
MLF





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